
*Bordeaux
Qualifié Short Edition, Prix Quiqui 2018
Ce dimanche de juillet, après une intense matinée de courses effrénées, Salvador rejoignait péniblement sa station. La Gare de Perpignan ne désemplissait pas ; y affluait une multitude de voyageurs venus d’horizons les plus divers. Les singuliers y croisaient les pluriels, les jeunes, leurs aînés, et des hommes et des femmes leur tendre moitié.
Poursuivre la lecture« El centre del món »Il fait encore nuit ce matin de février. Second n’a pas l’esprit tranquille. Il est aux aguets. Il craint quelque chose ou quelqu’un. Son frangin l’a bien sermonné hier soir. Ces choses-là ne se font pas. C’est sûr on va lui rendre la monnaie de sa pièce. On va lui tomber dessus. On va le castagner. On va appuyer là où ça fait mal.
Le cadet a plaqué ses cheveux rebelles, relevé son col et enfoui ses mains dans les poches. Dehors, il avance comme une ombre malade, chétive et allongée. Son pas est aussi léger que l’air qui lui transperce la peau. Ses yeux balayent son champ de vision tandis que ses oreilles captent le moindre bruissement.
Le gros bêta, aussi sec qu’un coup de trique, tient dans sa main nue son arme de défense. Il la tient bien serrée dans sa paume droite. Ses doigts enferment sa survie. Second y cache sa lame de rasoir.
Dessin : Paul Thery
André, la soixantaine fringante, arpente tous les matins les rues de son quartier bien avant que ses voisins ne bougent le petit doigt ou le gros orteil. Il est le premier à humer l’air auroral, à poser un regard sur les alentours, à écouter le ronronnement de sa ville endormie. Témoin discret et silencieux, il aime titiller la pénombre fuyante, s’isoler pour mieux se recueillir. Ses jambes décident seules où le conduire, ses mains perdues dans ses poches le laissant libre de penser. Il avance sans but, le nez en avant.
Dessin : Paul Thery