
Tableau Evarist Valles i Rovira, Musée Figueras, Espagne
nuages d’été
d’un ami la chaleur
d’un baiser
Revue Gong, hors-série Concours internationaux octobre 2022
pluie rafraîchissante
l’été bat son plein et moi
qui suis l’ombre
Revue Gong n°77, octobre-décembre 2022
descente du tram ~
sur mon chemin caracolent
deux papillons blancs
Revue Gong n°77, octobre-décembre 2022
les oiseaux blottis
dans la muraille du jardin
crépuscule pluvieux
l’été dernier
sur la muraille chaude
la sieste de deux chats
sur la muraille en pierre
toutes collées les feuilles
rouges et jaunes
ses mains
sur la muraille du jardin
abîmées
automne profond
beau au loin le dégradé
des feuillages roux
seule l’envie de courir
disparaît sur les graviers
Revue du tanka francophone, n° 47
souvenir flouté ~
les rues de mes premiers pas
sombres et étroites
et sur leurs pavés trébuchent
de fins rayons de soleil
Revue du tanka francophone, n° 47
la peau sur les os
fragile jeune femme
au deuil émacié
Sélection Coucou du Haïku, thème « lucides », juillet 2020
Publication Collectif Lucidité, collection Kaiseki
petit matin –
les rêves s’échappent
par la fenêtre
Sélection Coucou du Haïku, thème « fenêtre », avril 2021
Revue Libelle, n° 334, septembre 2021
café matinal
sa future maison
au crayon
Haïku Canada Review, thème « maison », octobre 2021
chant d’oiseaux –
chacun de sa petite note
et moi qui écris
Mention au Concours « Haïku Magazine 2022 » à Bucarest en Roumanie pour la section française
printemps 2020
déserté le miroir d’eau
de la Belle Endormie*
Haïku training, Coucou du Haïku, avril 2021
Florilège 2021, « les terroirs, les territoires », Dossiers d’Aquitaine
*Bordeaux
fin d’été ~
flottant dans l’eau claire
plumes de mouette et feuilles mortes
夏果る水面に羽と枯葉かな 千秋
profondeur du bois –
laissant le banc aux fougères
ils vont enlacés
森深し羊歯茂る傍で抱き合えり 光晴
© Photo Rosita Garcia
les gouttes de pluie
d’un seul côté de la vitre
glissent sur mes joues
bagarre au jardin
une pie contre un merle
le chat perd sa proie
Revue Libelle, n° 326, décembre 2020
Qualifié Short Edition, Grand Prix du Court, Hiver 2019
La pauvre mère était aussi rouge que la cape et le bonnet de sa fille réunis. L’enfant s’agitait dans tous les sens, tapait du pied, criait. Elle montrait ses dents qui étaient de grandeur inégale ou pas du tout présentes dans cette petite bouche qui se tordait, bavait et crachait son mécontentement le plus grand.
Poursuivre la lecture« Un vilain petit chaperon rouge »Qualifié – Short Edition – Grand Prix Hiver 2019
Je ne pensais pas que Robert* le ferait. Il m’avait pourtant assuré qu’il aimait photographier, sur le vif, des inconnus et que son domaine de prédilection était la rue. Il s’amusait, me disait-il, avec son appareil, à capter et immortaliser telle ou telle attitude ou émotion fugace chez des passants trop occupés par leurs propres soucis pour s’apercevoir de sa présence. Il œuvrait comme un chef d’orchestre talentueux dont les musiciens silencieux se prêtaient au jeu sans le savoir. Véritable metteur en scène, il dirigeait, par le seul déclenchement de son appareil, des acteurs inconnus qui demain passeraient peut-être de l’ombre à la lumière.
Poursuivre la lecture« Regard oblique »Qualifié Short Edition – Grand Prix du Court – été 2021
Comment dire ? J’aime cette photo d’identité au ton sépia que j’ai insérée dans un tout petit porte-photo et déposée sur une commode bien en évidence. Depuis toujours, depuis l’enfance, cette photo m’accompagne, me suit. C’est une photo de ma mère au plus haut de sa forme. Pour me représenter ma mère, la seule et l’unique photo à choisir pour moi est, comme une évidence, cette photo ancienne, qui témoigne de sa jeunesse, une photo avant ma naissance.
Il y a des semaines ou même des mois que j’ai envie d’écrire sur ma mère. J’avais pensé d’abord écrire un poème, j’avais noté quelques idées et rangé cela dans un coin de ma mémoire pour plus tard, pour une période où je serais plus disponible.
Poursuivre la lecture« La photo de ma mère »J’ai devant les yeux un voile gris, un rideau rêche et presque opaque qui sent la naphtaline. Mes yeux s’écarquillent et réussissent à voir à travers la toile. De l’autre côté, tout est gris, ni tout à fait clair, ni tout à fait sombre. Les bruits qui me parviennent ont eux aussi la couleur grise des bruits étouffés. Mes souvenirs filent un bon coton et s’amusent à jouer avec la lumière. Si une ombre passe, c’est une armada de grisaille qui prend alors le pouvoir. Loin d’être monotone, cette flotte me berce et me renvoie des années en arrière, loin, très loin… Presqu’au bout du chemin parcouru… Le sein maternel est une gourmandise si apaisante et réconfortante…
Poursuivre la lecture« Gris pigeon »carte du nouvel an
la chaleur des mots écrits à la main
年賀状手書きの言葉の温かさ 美音
手書きには温もりのあり賀状来る 千秋
Revue internationale Haïkukaï, février 2021
Revue Université du Haïku, vol. 7, juin 2022
Finaliste Short Edition – Grand Prix du Court – Hiver 2019
Le vent d’automne a susurré
Tombées sont les feuilles mortes
Pas à pas j’en suis le reflet
Des yeux elles m’ouvrent la porte
Poursuivre la lecture« Le vent d’automne a susurré »Elle baigne sa peau de miel dans une mer de soleil
Revue Libelle, n° 341, avril 2022
Nouvelle policière, lauréate du Concours « les Encrivores 2018 », Gironde
Quartier Nansouty à Bordeaux. Dans la cuisine toute en inox de son échoppe qu’il a lui-même entièrement rénovée, le capitaine de police Boris Venturino s’affaire et se réjouit d’avance. Voilà dix jours en effet qu’il est aux trousses d’une certaine langue de bœuf à l’écarlate dont il sent l’issue proche : aujourd’hui, il va finaliser le travail victorieusement. Dans la boîte à viande du frigo, sa marinade est fin prête et n’attend plus que lui. Lui qui a choisi avec soin ses ingrédients au marché des Capucins ; lui qui les a préparés minutieusement en les laissant doucement macérer dans un mélange de poivre, clou de girofle, ail, laurier, huile d’olive et salpêtre ; lui encore qui était là pour retourner la langue tous les deux jours et vérifier qu’elle trempe correctement. A présent, il s’apprête à la faire cuire lentement dans un bouillon aromatique afin de révéler toutes ses saveurs. Lui, le dur, il doit encore peler et émincer l’oignon non sans verser au passage une petite larme. Alors qu’il est en train de rincer la langue à l’eau froide avant la cuisson, son téléphone sonne. On l’informe qu’un corps a été découvert à l’Escape Game Queen – allée Eugène Delacroix – derrière la gare Saint-Jean. Il s’agit d’une mort pour le moins suspecte. Le corps est celui de Faustine Dupon, 41 ans.
Poursuivre la lecture« Qui a tué le Dr Lenoir ? »la passante se perd
dans le noir de sa robe
– où va-t-elle ?
© Photo 20h38 Nicolas.F.Vargas
晩秋や錨大気に浮いてをり 美音
fin d’automne
le murmure des ancres
flotte dans l’air
© Photo 16h31 Nicolas F.Vargas